Radioscopie – Giani Esposito – 27/04/1970 – Page 6

 

J.C. : Pourquoi ceux qui ont souffert ?

G.E. : Parce qu’il n’y a que ceux qui ont souffert qui retrouvent une capacité d’écoute comme ces enfants qui eux, peut-être, n’ont pas souffert du tout. Je le souhaite d’ailleurs. En principe, ce ne sont pas des enfants malheureux.

J.C. : Cela rejoint une souffrance que vous avez eue personnellement ?

G.E. : Oui, bien sûr, oui, mais enfin je n’ai pas une vie tellement … Quand je vois la vie de certains autres, vraiment je me trouve privilégié. J’ai souffert comme tout le monde mais… D’abord je n’ai pas souffert dans ma chair, ce qui est quelque chose… on ne peut pas en parler tant qu’on n’a pas vécu cela.

J.C. : Le cinéma, le théâtre, cela ne vous manque pas ?

G.E. : Ce qui me manque, c’est de travailler avec des êtres comme Jean Renoir. Je travaillerais tout de suite à l’œil.

J.C. : Il a été important pour vous Jean Renoir ?

G.E. : Ah oui, je dis tout de suite pour Jean Renoir.

J.C. : Même gratuitement ?

G.E. : Ah oui ! Bien sûr. Je trouve honteux d’ailleurs que cet homme qui a un cinéma de son vivant à Paris ne puisse pas faire plus de films. Vraiment… c’est ” le ” cinéma, Jean Renoir…C’est la joie de faire du cinéma, c’est une race qui se perd, la joie. Il est, il ne pense pas tellement, ce n’est pas des élucubrations. Il est là, il est… Il galvanise et vingt ans après… Je ne suis pas le seul à penser… Vous avez dû en rencontrer, des comédiens qui disent exactement la même chose.. Cela veut dire quelque chose quand même.

J.C. : Il y a des hommes qui s’appellent Johnny Halliday, Claude François, vous chevauchez…

G.E. : Il a une très bonne poignée de main, Johnny Halliday.

J.C. : Vous chevauchez de quelle manière à leur côté ?

G.E. : Écoutez, Claude François, je ne le connais pas. Johnny Halliday, on s’est serré la main il n’y a pas longtemps dans un cinéma d’ailleurs, et j’ai trouvé qu’il a une très bonne poignée de main.

J.C. : C’est important pour vous une bonne poignée de main ?

G.E. : Oui, oui. Je pense que c’est un garçon qui est vrai dans son monde qui n’est pas le mien bien sûr, mais j’aime bien… on peut attendre tout de quelqu’un de vrai. Peut être qu’un jour il va brusquement percevoir des choses formidables.

J.C. : René Simon me disait l’autre jour qu’il ratait en ce moment complètement sa carrière car c’est un grand acteur de cinéma.

G.E. : Je ne l’ai pas vu au cinéma. C’est possible.

J.C. : Pour l’instant je crois qu’on ne lui a pas donné grand-chose.

G.E. : il est très instinctif. Ca va dépendre des êtres qu’il va rencontrer, je suppose. A ce stade… En tout cas, pour être resté comme cela, avec la célébrité, surtout avec ce mauvais genre de célébrité, être une idole, cela doit être effrayant de rester vrai quand on est une idole. J’ai beaucoup de tendresse, j’avoue, pour ces personnes qui sont comme ça.

J.C. : Hors St Paul, Krishna, Soum Noun, est-ce que vous avez quelques admirations sur terre ?

G.E. : De cet ordre, j’en ai une oui. Je connais un maître de cette famille d’esprit, cela a d’ailleurs transformé ma vie que de le rencontrer.

J.C. : C’est une chose personnelle ?

G.E. : C’est une chose personnelle, oui mais… C’est une chose qu’on assume aussi. Je n’en parle pas dans… je n’en parle plus d’ailleurs parce qu’à un certain moment j’en ai parlé dans les journaux et on est tellement mal compris et trahi…

J.C. : Mais, allez-y, vous pouvez parler franchement.

G.E. : … qu’à ce moment-là, franchement, j’ai pris le parti de me taire. Et surtout justement d’être, d’essayer d’être, non pas un exemple, j’ai essayé de vivre un tout petit peu dans ce sens.

J.C. : Moi, je ne suis pas au courant, alors vous pouvez peut-être m’informer.

G.E. : Vous m’avez posé la question, oui, J’en connais un, oui,

J.C. : Vous ne m’avez pas donné de nom.

G.E. : Son nom d’initié est Omraam Michael.

J.C. : C’est une voie ?

G.E. : Pardon ?

J.C. : C’est une voie, une route ?

G.E. : Oui, c’est un chemin. C’est surtout avant tout un exemple. C’est le seul être que j’ai rencontré. Il y en a d’autres certainement. Mais c’est le seul que j’ai rencontré, Je ne suis pas allé aux Indes. Mais il en existe en Europe, contrairement à ce que l’on peut croire. C’est le seul être qui soit vraiment une parole vivante.… Il est ce qu’il dit, il est ce qu’il fait, avec tout ce que cela comporte de difficulté avec notre monde qui ne pardonne pas… Notre monde ne les loupe pas, des êtres comme cela. Il est passé par toutes sortes d’épreuves.


1) le Maître, l’initié dont parle Giani est probablement Omraam Mikhaël Aïvanhov (1900-1986), philosophe français d’origine bulgare, venu en France en 1937. Pour information, l’Enseignement du Maître Omraam Mikhaël est édité et diffusé par les éditions Prosveta.
Remarque d’Arlette et Eric. Merci à eux.

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