Biographie de
Giani Esposito

Cette biographie de Giani Esposito a été reconstituée à partir de différents documents pas toujours cohérents ni fiables. Elle s’appuie beaucoup sur la radioscopie de Jacques Chancel qui offre la meilleure fiabilité puisque c’est Giani lui-même qui s’exprime. Pour le reste, il s’agit d’articles de journaux dont on ignore les sources et les conditions dans lesquelles ils ont été rédigés. Elle comporte donc de nombreuses zones d’ombre et d’ambiguïtés, sans parler des omissions. C’est pourquoi toutes les informations sont les bienvenues afin de l’étoffer, de la préciser et de la fiabiliser. N’hésitez pas à apporter votre pierre à l’édifice.


1930-1939

Le père de Giani Esposito, Joseph Esposito, est d’origine napolitaine et sa mère, Suzanne Alice Desrousseaux, est française, issue d’une famille alsacienne. Ils habitent Paris. Giani aurait donc du naître français, mais sa mère voulait choisir la nationalité de son enfant et, comme c’était impossible en France, elle choisit d’accoucher en Belgique.
C’est ainsi que le petit Giani Sandro Esposito voir le jour à Etterbeek, ville qui jouxte Bruxelles, le 23 août 1930. Il est donc du signe de la Vierge (et du signe du cheval dans l’horoscope chinois). Il est à noter que, traditionnellement, le signe de la Vierge produit des gens à la fois raisonnés, poète, honnêtes et travailleurs et pragmatiques.

Il a 9 ans quand il part en Italie. Il y restera jusqu’à l’âge de 19 ans.
C’est probablement une période importante dans son évolution littéraire puisqu’il commence déjà à écrire. A 11 ans, lorsqu’on éteint les lumières dans sa chambre, il écrit sur les murs. Et, à 15 ans, il part en Calabre pour écrire des poèmes.
Il fait des études classiques jusqu’au bac mais, parallèlement, il travaille avec des sculpteurs car il se sent une vocation pour cet art et veut en faire son métier.

1940-1949

1949 : il a 19 ans et revient à Paris. A défaut de sculpture, il travaille avec des staffeurs et fait plusieurs petits boulots (emballeur de magnétophones ou fabriquant d’abat-jour par exemple).

Il suit les cours de comédie de Tania Balachova et de Michel Vitold. Il fait ses premiers essais de comédien dans “L’obstacle” d’Alphonse Daudet mis en scène par Jacqueline Audry (qui le dirigera plus tard au cinéma dans “Huis-clos”) et dans “Doña Rosita” de Federico García Lorca aux “Noctambules”.

1950-1959

1951 : il tient son premier (petit) rôle au cinéma dans “Maître après Dieu” de Louis Daquin. Il prend à cette époque la nationalité italienne pour éviter son service militaire en France (il était objecteur de conscience).

1952 : Mais sa véritable carrière commence au Festival d’Arras en 1952 où il est à la fois acteur et compositeur de musique.

1953 : il commence à apprendre le solfège et le piano. Il écrit ses premiers morceaux et trouve un contrat de quatre mois au cabaret “La rose rouge”. Il enchaîne avec un autre contrat de même durée à “l’Ecluse”. Ce cabaret, ouvert en 1947 et devenu mythique (voir le livre “Mémoire d’un Cabaret” qui lui est consacré) est un chaleureux vivier de talents. Beaucoup de ses pensionnaires feront une grande carrière (Cora Vaucaire, Barbara, Marie Paule Belle, Philippe Noiret, Pierre Richard, Marcel Marceau, Pia Colombo, Yvan Dautin, Jacques Fabbri, les frères ennemis, etc). Giani y passe la même année que Serge Sauvion, Hélène Martin, François Deguelt et Jacques Brel.

Mais on peut dire que les années 1953 à 1957 sont ses années cinéma.
1953 : “Mon mari est merveilleux” de André Hunebelle et “La môme Vert de gris” de Bernard Borderie.
1954 : “Huis clos” de Jacqueline Audry, “Les femmes s’en balancent” de Bernard Borderie, “Cadet Rousselle” de André Hunebelle et “French Cancan” de Jean Renoir pour lequel il avait une immense admiration.
1955 : “Cela s’appelle l’aurore” de Luis Buñuel, “Le dossier noir” d’André Cayatte, “Les hussards” d’Alex Joffé et “Les mauvaises rencontres” d’Alexandre Astruc.
1956 : “Pardonnez nos offenses” de Robert Hossein. Il débute à la télévision dans un téléfilm de Claude Loursais (réalisateur de nombreux succès télé dont “Les 5 dernières minutes”), “Sainte-Jeanne” le 11 décembre 1956.
1957 : Outre “Les misérables” de Jean-Paul Le Chanois et “Reproduction interdite” de Gilles Grangier au cinéma, on le voit dans le téléfilm “L’équipage au complet“.
1958 est l’année de ses premiers enregistrements discographiques. En mars il sort chez Polydor un 45 tours pour fêter le centenaire de lourdes (‘Lourdes 1858-1958’). Il y récite des textes. En août, il sort chez Véga un 33 tours dans lequel il interprète deux titres enregistrés en public. Il n’y aura pas de cinéma cette année-là mais un téléfilm, “Adélaïde” de Philippe Ducrest.

1959 : une année marquante puisqu’il fait la rencontre de Pascale Petit au festival de Moscou alors qu’il tourne “Normandie Niemen“. Ils éprouvent tous les deux un grand intérêt pour le mystère et l’occultisme ce qui les rapproche.
Une seule sortie au cinéma, “Le bel âge” de Pierre Kast.
Mais surtout, c’est cette année-là qu’apparaît dans les bacs, un super 45 tours qui contient quatre titres: “Prière pour une rupture”, “Le temps des fiançailles”, “Avec toute notre pudeur” et surtout “Les clowns” qui deviendra sans doute sa chanson la plus connue et la plus reprise. En février, c’est le 33 tours 25cm avec le même titre rebaptisé “Le clown”. Curieux parcours que celui de ce titre qui sera une seule fois mis au singulier. Pourtant, lorsqu’on lit le texte, c’est manifestement la bonne orthographe. Et pourtant, sorti de la réédition de 1973 qui sera fidèle à l’original jusqu’à cette re-singularisation du titre, les sept autres disques qui reprennent le morceau le mettront au pluriel. En mai on retrouve “les clowns” sur une compilation des artistes qui fréquentaient le cabaret “L’écluse”.

1960-1969

1960 : une année spirituelle. Il fait la rencontre de Mikhaël Aïvanhov et de l’église Joannite. Celui-ci va jouer un rôle capital dans l’évolution spirituelle de Giani qui, sous son influence, va commencer à lire des livres orientaux et découvrir de nouveaux horizons de pensée.
Au cinéma, sortent “Normandie-Niémen” de Jean Dréville, “Paris nous appartient” de Jacques Rivette et “Vers l’extase” de René Wheeler.

1961 : une année éclectique avec “La croix des vivants” d’Yvan Govar pour le cinéma, un court métrage, “On a volé la mer” de Jean Salvy et “Les deux orphelines” pour la télévision.
Il dessine les illustrations du “Justine” de Sade pour le Club Français du Livre.

1963 : alors que sortent les deux opus de “La vie conjugale” (Françoise et Jean-Marc) d’André Cayatte, il se marie avec Pascale Petit et devient père de Bojidarka (qui signifie “don de dieu”), qui sera plus tard l’icône des studios Disney sous le nom de Douchka.
Il enregistre également pour la radio scolaire deux poèmes, “Crépuscule” de Charles-Ferdinand Ramuz et “Journée d”hiver” de Théophile Gautier. A cette époque, l’éducation nationale diffusait tous les ans un ensemble de trois disques pour sensibiliser les élèves au chant et à la poésie. Chaque disque correspondait à un trimestre et, pour chacun d’eux, une face était consacrée au chant et l’autre à la poésie.

1964 : il monte sur scène pour interpréter “Le bal du lieutenant Helt” sous la direction de Jean-Pierre Grenier et avec Pascale Petit.
Dans le même temps sort un 33 tours “Diction de l’évangile de la passion“. On le voit à la télévision dans le rôle de Léandre du “Médecin malgré lui” réalisé par François Gir et dans “Une fille dans la montagne” de Roger Leenhardt.
Toujours à la recherche de nouvelles façons de s’exprimer, il commence à écrire une pièce en alexandrins.

1965 : il continue à se partager entre théâtre et télévision. A la télévision, il apparaît dans “Ailleurs et demain” de Richard Chaumont et dans “Le train bleu s’arrête 13 fois” de Yannick Andréi. Au théâtre, il monte 44 fois sur scène pour interpréter “Polyeucte” dans une mise en scène de Bernard Jenny.

1966 : naissance de sa seconde fille Mickaëla. En fait son véritable nom est Crassimira (qui signifie “Beauté rayonnante dans le monde”). A cette époque, il vit dans la vallée de Chevreuse avec Pascale Petit. Il est déjà très lié avec la Fraternité Blanche, qui sera classée en 1995 dans la liste des sectes du Rapport parlementaire français. Mais en 1966, Omraam Mikhaël Aïvanhov, le fondateur est encore vivant (il mourra en 1986) et les choses sont peut-être différentes. Il passe ses vacances à côté de Fréjus avec la communauté qui compte à l’époque environ 200 membres.
Sur le plan professionnel, 1966 est l’année de “Tonnerre sur l’océan indien” de Sergio Bergonzelli et Roy Rowland avec Gérard Barray dans lequel il joue le rôle de Napoléon. A la télévision, il apparaît dans “Gerfaut” de François Gir.

1967 : sa carrière musicale s’accélère puisqu’il signe un contrat avec Pathé-Marconi pour trois albums et des 45 tours. Il sort le 33 tours “Jardiniers qui doutez“. Pas de cinéma, c’est à la télévision qu’on le voit : “Les amoureux” de Jean-Paul Roux, “Malican, Père et fils” de Yannick Andréi, “Marion Delorme” de Jean Kerchbron et surtout “Le chevalier tempête” de Yannick Andréi qui inaugure les émissions de la télévision en couleurs qui débarque en France.

1968 : nouvelle sortie du 33 tours des “Clowns”, en juillet, un super 45 tours, “Un noble rossignol” et en novembre, un double 33 tours, “Un noble rossignol et autres nouvelles chansons“.
A la télévision il tient pour la première fois un rôle comique dans le téléfilm de Claude Deflandre, “Karin” et fait une apparition dans la série européenne “Le comte Yoster“.

1969 : il tente, sous la direction de Gérard Herzog, une nouvelle expérience qui le passionne: “Commedia“, une émission d’improvisation à trois personnages en direct à la télévision. C’est une expérience qui le passionnera. Il apparaît également dans deux autres téléfilms : “Sainte Jeanne” (la reprise de sa première télé de 1956) de Claude Loursais et “Tout va pour le mieux” de Jeannette Hubert.
Séparé de Pascale Petit, il se tourne à nouveau vers la musique et sort deux 45 tours: “Petite marche sur les pieds du voisin” en juin et “Deux colombes” en novembre. Il a écrit cette chanson pour Dalida qui en fera une interprétation bouleversante.
Il va passer une partie de l’hiver en Normandie (à Saint-Aubin) afin de finir son 33 tours suivant: “Les ombres sont chinoises” qui sera dans les bacs en 1970.

1970-1973

1970 : une année importante sur le plan discographique puisque outre son 33 tours, il va participer, avec Anne Vanderlove, à l’enregistrement de “La mort d’Orion“, l’opéra de Gérard Manset. Il a 40 ans et il commence à apprendre la guitare.
A la télévision on le voit dans “Le coeur cambriolé” et “Le service des affaires classées” ainsi que dans une émission en deux parties sur Paul Eluard.
Il publie “En cette fête du combat” à la Librairie Saint-Germain des Près.
1971 : il prête sa voix à “Bouddha” un disque sur le bouddhisme dans la collection “Connaissance de la pensée universelle”. Il y parle des grands principes du bouddhisme et sa voix s’accorde à merveille avec l’objectif de ce disque de méditation. C’est également en 1971 que sort son livre “22 instants” à la Librairie Saint-Germain des Près.

1972 : il termine la pièce en alexandrins commencée en 1964. Elle s’intitule “Le bateleur”, d’après le personnage du tarot. Il la destine à Jacques Dufilho et la jouera 70 fois au festival d’Avignon avec sa compagne, Ersie Pittas.
Cette même année sort également un de ses disques les plus aboutis, “Paris le désert“, avec de magnifiques chansons comme “Humilité” ou “La réponse en mariage“.

1973 sera son année chant du cygne. C’est une année très remplie.
Il travaille avec Raymond Devos sur un scénario (qui ne verra jamais le jour) pour le cinéma.
Sur la plan télévision, on le voit dans “La maîtresse” de François Gir, “Le provocateur” de Bernard Toublanc-Michel et “Chants, danses et poèmes d’un monde imaginaire” qu’il a lui-même conçu et qui est réalisé par son ami Gérald Duduyer.
Sa discographie s’étoffe avec une reprise du Clown et sa participation à un collectif “Musiques et chants d’Israël“.
Mais c’est sur le plan théâtral que semblent s’ouvrir les plus beaux horizons. Il passe au Théâtre Populaire des Flandres (de Cyril Robichez) et donne un concert dans les Baux de Provence, seul avec un piano.
Il se prépare à faire une tournée de 30 galas en Hollande avec Ersie Pittas. Il a également prévu de visiter des lycées dans ce pays car sa poésie y est enseignée et il y est bien connu. D’ailleurs, la Fondation hollandaise Wikor a sorti un petit disque souple avec trois de ses chansons(“Qui”, “Il y a en moi” et “Un noble rossignol à l’époque Ming”) et un livre, “Récital Chansons et Poèmes“, avec traductions en néerlandais.

Mais ce projet ne verra pas le jour. Le 26 décembre 1973, on doit le transférer d’urgence à l’hôpital américain de Neuilly. Il est atteint d’une tumeur cérébrale et d’une hépatite virale.

Il aura juste le temps de commencer la nouvelle année avant de s’éteindre, le 1er janvier 1974 à 13 heures à l’hôpital américain à Neuilly-sur-Seine.

Au revoir Giani…

…Et même aux amoureux menteurs et sourds,
même aux oiseaux du ciel, à nos saisons.
Même à l’enfant trouvé à jamais seul…
…Même au soleil qui donne à tous la vie
n’oublions pas de lui dire au revoir.

 

2 Comments

  1. Pas par moi non plus qui l’ai vu à Toulouse, au théâtre Daniel Sorano,au début des années 70, pour un récital de chant épuré m’ayant profondément marqué, car faisant découvrir au futur psychiatre qu’on peut exercer une fonction sans s’identifier à elle… ce que ferait bien de méditer nos (ir)responsables politiques au goût du jour.
    Didier

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