Le bateleur
Ce texte est la transcription de la lecture faite par Giani Esposito, le vendredi 28 juillet 1972 à 17h30 pendant le 26ème Festival d’Avignon. Elle a eu lieu dans le cadre du « Théâtre ouvert » qui se déroulait dans la « Chapelle des Pénitents Blancs ».
Indications et anecdotes.
Giani a mis 7 ans pour écrire cette pièce (ce qui signifie qu’il a commencé vers 1965). Elle est en alexandrins.
Cette version est la troisième. Le dernier vers a été finalisé deux semaines avant l’enregistrement, donc début juillet 1972. Je ne sais pas s’il y a eu des versions ultérieures.
Dès le début, Giani Esposito avait pensé à Jacques Dufilho pour jouer le bateleur.
L’action se situe à Venise, puis à l’endroit où se situait Venise avant qu’elle ne soit submergée par les eaux.
Le bateleur est un personnage important dans la vie de Giani Esposito. Il figure sur la pochette de son premier disque et en filigrane dans le premier poème de son livre « Vingt-deux instants ».
Quelques déclarations de Giani Esposito
Dans le tarot, le bateleur a le bras gauche dirigé vers le ciel et le bras droit vers la terre. Dans la pièce, ce bras gauche est paralysé. Dès lors, le bateleur ne peut plus jouer son rôle de médium, de lien entre la vie universelle et la vie fugitive, entre l’innommable et ce qui peut être nommé. Livré à son orgueil, trahi par son imagination, asservi par ses instincts, il affronte l’Ombre, la partie obscure de son être.
Cette pièce « a été une sorte de travail souterrain qui m’a charpenté, qui m’a aidé à comprendre à surmonter certaines choses. »
« Le drame de ce monsieur… c’est qu’il ne capte plus [l’énergie qui vient du haut] à cause de l’orgueil. Parce que… quand on est on est soumis à son orgueil, on finit par se croire des prophètes et donc on est de faux prophètes. »
Remarques sur la transcription
Cette transcription est le résultat d’un travail que j’ai tenté à de nombreuses reprises depuis la création du site. Mais j’y avais renoncé à chaque fois devant le temps que cela prenait de travailler phrase par phrase. Heureusement, les progrès de la technologie m’ont aidé cette fois-ci. J’ai enfin réussi à aller jusqu’au bout de ce qui restera mon Magnus Opus, mon Grand Oeuvre pour Giani. En l’année du cinquantième anniversaire de sa disparition, je suis très heureux de vous offrir ce document dont, à ma connaissance, il n’existe plus de version écrite en circulation.
La qualité de l’enregistrement (et des mes oreilles) n’étant pas optimale, il y a probablement des erreurs de transcription dans le texte. Outre l’acoustique du lieu, la diction de Giani Esposito, qui suit le rythme et le ton des personnages ne rend pas toujours simple la compréhension du texte. C’était probablement plus facile à comprendre pour les spectateurs présents, il y a plus de 50 ans.
J’ai essayé de m’aider du rythme des alexandrins pour préciser certains mots. Mais vous constaterez que parfois, ça ne marche pas. Il reste quelques expressions ou chuchotements que je n’arrive pas à comprendre. Il y en a très peu, donc cela ne devrait pas nuire à la compréhension gloable du texte. Quoi qu’il en soit, n’hésitez pas à me contacter si vous constatez des incohérences.
J’’espère que Giani me pardonnera ces erreurs de là où il se trouve. Puissiez-vous apprécier ce texte qui m’a beaucoup touché par ses accents shakespeariens et par les sujets qu’il aborde.
Jean-Philippe, le 19 août 2024