Radioscopie – Giani Esposito – 27/04/1970 – Page 1

 

Jacques Chancel : Giani Esposito, vous n’aimez rien tant que la sincérité, le naturel. Si vous aviez été seulement acteur ou chanteur, je ne vous aurais sans doute pas reçu, mais vous êtes d’une race à part. Je dirais même d’un monde qui se meurt, peut-être le dernier des Romantiques et croyez-moi ce n’est pas une clause de style.
Il y a chez vous, Giani Esposito, une tranquillité, une douceur qui sont, si l’on vous comprend bien, vos lignes de force. Je vous sais secret et peut-être désenchanté, mais est-ce parce que vous visez haut, parce que vous voyez grand et est-ce parce que la vie est pour vous seulement un passage ?

Giani Esposito : Bien, je vais essayer de répondre à toutes ces questions. D’abord je ne suis pas désenchanté, si je mesure le plaisir que j’ai à partager avec vous en direct, je spécifie parce que je suis un amoureux du direct, en tant que comédien aussi, donc je ne suis pas secret parce que j’adore qu’on me pose des questions, autant que j’aime le silence d’ailleurs dans d’autres domaines, et la vie est un passage, oui, bien sûr,

J.C. : Pour aller plus loin

G.E. : Oui, sûrement.

J.C. : Et surtout plus haut.

G.E. : Oui, je pense, c’est le destin de l’homme.

J.C. : Est-ce que vous ne vous sentez pas un peu seul. Ou est-ce que vous la voulez, cette solitude ?

G.E. : D’une part, je ne suis pas seul, d’autre part je ne me sens pas seul. Vous parliez d’un monde qui se meurt, peut-être, mais je me sens plutôt d’un monde qui va naître.

J.C. : Lorsqu’on dit le dernier des romantiques, ce n’est pas le passé pour vous, c’est peut-être l’avenir.

G.E. : Je ne me sens pas romantique. D’abord, il faudrait s’entendre sur la définition de romantique. Mais si romantisme est un certain décalage avec le réel, alors là je ne suis pas romantique. Je me sens de plus en plus dans le réel. Physiquement j’ai une gueule de romantique, mais ….

J.C. : Physiquement vous êtes comment ?

G.E. : Vous le voyez

J.C. : Non, mais pour vous ?

G.E. : Depuis quelque temps, je suis … je m’assume pleinement, si vous voulez. Ca me fait plaisir d’être arrivé là.

J.C. : Ce physique, vous le souhaitiez comme ça ?

G.E. : Je ne cherche à cacher rien, ni à montrer des choses plutôt que d’autres… et puis voilà, je suis comme ça.

J.C. : Ce physique, vous le souhaitiez comme ça ?

G.E. : On ne se voit pas bien, vous savez. Je n’ai pas projeté à 20 ans une image de moi donc je ne peux pas savoir si cette image aujourd’hui correspond à celle que j’aurais voulu.

J.C. : La vie pour vous, Giani Esposito, vous dites que ce n’est pas seulement un passage.

G.E. : C’est un passage.

J.C. : Ce passage, vous l’organisez de quelle manière ?

G.E. : Ah, c’est une occasion de réalisation, la vie ! C’est vraiment une incarnation.

J.C. : Un jeu de construction ?

G.E. : De construction et de connaissance, oui.

J.C. : On va essayer de mieux vous connaître. Je sais que vous êtes né d’un père napolitain, d’une mère française.

G.E. : Et à Bruxelles oui, pour être bien déraciné.

J.C. : Un citoyen du monde en quelque sorte ?

G.E. : C’est çà.

J.C. : Vous avez 40 ans et vous êtes né sous le signe du Lion. Est-ce que vous croyez à l’importance des signes ?

G.E. : Oui mais je suis triste de voir l’emploi qu’on fait de l’astrologie. Je ne la connais absolument pas, mais je sais que c’est une science très, très profonde. Je connais des gens qui s’y connaissent à fond, alors là c’est vraiment … surtout pour l’étude du caractère. Vous devez savoir que pour étudier un thème il y a trois données nécessaires. Il y a d’abord l’heure de la conception, alors, là, peu de gens le savent. L’heure de la naissance, bien sûr, l’heure précise, et après il y a le troisième élément, c’est ce que nous faisons de notre vie. Donc, déjà, parler d’une ligne de vie d’après uniquement l’heure de la naissance, c’est un peu superficiel.

J.C. : Giani Esposito, vous êtes né à Bruxelles…

G.E. : Pour être italien.

J.C. : Vous avez passé quand même votre enfance en Italie ?

G.E. : Non, ma première enfance à Paris. Mes parents habitaient Paris et ma mère qui voulait que je sois italien est allée accoucher à Bruxelles parce que là on pouvait choisir dès le départ, si j’ose dire, sa nationalité.

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