Femmes d’aujourd’hui n°1191

Publié le 22 février 1968

Article paru dans Femme d’Aujourd’hui – Télé programmes du 22 février 1968 à l’occasion de la diffusion du téléfilm “Karin” de Claude Desailly.

Giani Esposito obtient enfin un rôle comique dans «Karin»

Chaque fois que se présente un rôle de jeune premier romantique, sombre et tourmenté, d’amant déçu et bafoué, de héros fougueux ou taciturne, aussitôt le producteur pense à Giani Esposito.

Reconnaissons-le. il remplit ces emplois à merveille et ne fait rien lui-même pour détromper son monde : ses vêtements toujours un brin romantiques, le registre de problèmes (d’ordre psychologique ou métaphysique) qu’il aime à aborder avec une sensibilité essentiellement artistique, son regard noir et profond, l’expression même de son visage, tout cela est d’un héros romantique.
Avec “Karin”. nous verrons toutefois qu’il est capable d’autre chose : d’un rôle gai, virevoltant, en un dialogue brillant, de plus en plus vif à mesure que s’avancent les quiproquos… Avec Arlette Didier, G. Esposito compose un couple assez extraordinaire, pour le moins inattendu et qui amuse beaucoup. “Karin” a cette particularité (aujourd’hui) de respecter les règles des trois unités. Unité de temps : une matinée. Unité de lieu : le salon type, et en teck. d’un ménage d’ingénieurs petit bourgeois. Unité d’action : l’attente d’une jeune Suédoise qui s’est annoncée.
Michel (G. Esposito), jeune ingénieur dont c’est le jour de repos et sa femme (A. Didier) se préparent, l’un en maugréant, l’autre frénétiquement, à recevoir cette jeune Suédoise nommée Karin. C’est Michel qui, en l’absence de sa femme. Devra l’accueillir. Il se prend à rêver… après tout une jeune Suédoise… Si bien que lorsqu’une jeune fille blonde au fort accent étranger se présente à sa porte, il s’empresse, l’installe, lui ouvre la salle de bains… et lui fait un brin de “baratin”. Jusqu’à ce qu’apparaisse sa femme, accompagnée d’une fort belle jeune fille brune : son amie Karin, à laquelle Michel fera aussi son brin de cour.
Suit une série de quiproquos et de situations cocasses, au terme desquelles les trois femmes, liguées. le somment de choisir.
C’est alors que tout devient flou, et que Michel est réveillé (il avait rêvé) par un autre coup de sonnette : Karin 3. la vraie, est là devant la porte, plus belle que les deux autres. Michel recommencera le même boniment…
Un dialogue alerte, quotidien, très simple mais piqué d’observations très justes, fait de “Karin” une comédie, certes, une pochade, un jeu, mais fondé sur une observation psychologique très réelle. Claude Desailly, l’auteur s’est inspiré d’un rêve que tout homme porte sans doute en lui : que ferait-il si une belle inconnue frappe un jour à sa porte ?

Liliane Rufener